L’IA est elle véritablement une menace pour l’emploi ?
Il y a quelques jours, IBM indiquait vouloir remplacer 30 % des postes back-office par l’IA d’ici 5 ans, après avoir annoncé en janvier un plan de réduction de 1,5% des effectifs (3900 collaborateurs). Ce plan est, entre autres, la conséquence de la cession de AI Watson Health en 2022, entité spécialisée dans l’intelligence artificielle pour le secteur de la santé… L’IA ne serait-elle finalement pas un marché porteur pour IBM ou aurait elle bon dos pour faire passer des plans qui de toutes façons , IA ou pas, étaient prévus ?
Par ailleurs, il convient de rester un tant soit peu lucide sur les capacités commercialement exploitables des IA aujourd’hui (cf Watson), et de se poser 2 mn pour sortir de la « hype curve » et du buzz permanent autour de ChatGPT depuis quelques semaines.
Certes ChatGPT peut rédiger des réponses structurées à des questions complexes , faire de la poésie (en anglais), participer à une conversation, mais commet aussi de nombreuses erreurs. Le souci, c’est que ChatGPT « sait tout » et répond à toute question avec une telle assurance que l’exactitude de la réponse semble ne faire aucun doute.
Comme tous les autres modèles d’IA à base de réseaux neuronaux, ChatGPT doit être « entraîné », en s’appuyant sur des données d’apprentissage, données qui peuvent introduire de nombreux biais ou limites. Une vague relation entre différentes informations peut rendre la réponse plausible, mais une fois vérifiée, elle peut être très éloignée d’une réalité scientifique ou technique, voire carrément fausse.
Ne l’oublions pas : sans entraînement, une IA n’est qu’une coquille vide, et même bien entrainé, ChatGPT ne sait pas de quoi il parle. Il en donne l’illusion, et c’est bluffant. Sam Altman, fondateur d’Open AI, le dit lui-même « ChatGPT est incroyablement limité, mais suffisamment bon pour certaines choses et ainsi créer une impression trompeuse de grandeur ».
Sans nier la prouesse technologique que représente ces chatbots, nous sommes encore très loin de la « singularité », ce futur dans lequel une « vraie » IA, surpassera l’humain à tous points de vue. Il s’agit alors de se questionner plus globalement sur l’automatisation des tâches, IA ou pas : la robotisation, qui n’a pas attendu ChatGPT, représente une menace beaucoup plus concrète, non fantasmée, et immédiate pour les emplois…
FT